Guillaume Lemay-Thivierge s’est littéralement levé en direct au 98.5 pour régler ses comptes avec Patrick Lagacé, l’homme qu’il considère comme «l’élément déclencheur» de la plus grande tempête de sa carrière.
Dans un face-à-face radio d’une rare intensité, le comédien a mêlé pardon, mise au point et règlement de comptes autour de l’article de La Presse qui a exposé son statut vaccinal et précipité la chute de plusieurs de ses contrats.
«Tu as été l’élément déclencheur»
Dès les premières secondes, Lemay-Thivierge interrompt l’entrevue, quitte le micro, serre la main de Lagacé et lance: «Je veux juste dire que je te pardonne». Il enchaîne ensuite avec cette phrase lourde de sens: «Tu es le déclencheur de ce que j’ai vécu de plus difficile dans toute mon existence au niveau de ma carrière», en référence au texte cosigné par Patrick Lagacé et Hugo Dumas dans La Presse pendant la pandémie.
Cet article révélait son statut de non-vacciné, ses pertes de contrats – notamment avec Hyundai – et rapportait qu’il aurait tenté d’obtenir un traitement de faveur dans une pizzéria sans passeport vaccinal, une version qu’il conteste encore aujourd’hui.
En ondes, Lemay-Thivierge ne cache pas l’ampleur des dégâts: «J’ai traversé une période extrêmement difficile… j’ai perdu beaucoup, beaucoup de presque tous mes contrats», confie-t-il, la voix chargée d’émotion. Il raconte avoir sombré dans une profonde détresse psychologique, confirmant ce qu’il avait déjà admis ailleurs, soit une dépression majeure après la controverse autour de son statut vaccinal et de l’article de La Presse. Il va plus loin en expliquant que cette tempête a failli lui coûter son couple et même sa vie, tandis que son fils a subi de l’intimidation à l’école parce que «ton père c’est un ci, ton père c’est un ça», répète-t-il, soulignant les répercussions familiales de cette exposition médiatique.
Face à lui, Patrick Lagacé défend son travail en ramenant constamment la discussion sur l’intérêt public. Pour le chroniqueur, la vraie question demeure: «Le problème, c’est la personne qui le rapporte ou la personne qui a demandé le traitement de faveur?» Il rappelle que d’autres artistes non vaccinés n’ont jamais fait l’objet d’articles parce qu’il n’y avait pas d’incident concret justifiant une couverture, laissant entendre que le comportement même de Lemay-Thivierge en contexte de passeport vaccinal a créé l’angle journalistique. Lemay-Thivierge réplique qu’il n’a jamais exigé d’être servi illégalement et décrit plutôt une «question philosophique» posée à un serveur: avait-on encore le droit de réfléchir et de penser différemment en pleine pandémie sans être cloué au pilori.
Dans la foulée de cette saga, l’acteur avait d’ailleurs intenté une poursuite de 1,85 M$ contre La Presse pour atteinte à sa vie privée et à sa carrière, estimant que la révélation de son statut vaccinal constituait une information intime ayant nui directement à ses revenus – Hyundai a mis fin à leur relation de porte-parole de longue date. Une entente hors cour a finalement été conclue et il s’est désisté, sans que les détails soient entièrement rendus publics. À la radio, Lemay-Thivierge montre aussi une forme d’introspection, admettant sa part de responsabilité: «Ma part de responsabilité, c’est d’avoir été trop spontané et de ne pas avoir réfléchi plus longuement aux conséquences», dit-il, parlant d’«étourderie» qui l’aurait «auto-éjecté» de la scène publique.
Malgré la tension, Lemay-Thivierge répète à Lagacé: «Je suis sincère quand je te dis: je te pardonne», tout en l’avertissant: «Un micro, Patrick, c’est une arme… fais attention de pas le refaire à d’autres». Il explique être venu, entre autres, pour donner un exemple à son fils: aller dire en personne à quelqu’un qui nous a blessés qu’on lui pardonne, même si l’autre croit n’avoir fait que son travail.
Dans la même entrevue, il présente aussi ses projets de reconstruction: une conférence-spectacle de quatre heures où il raconte son parcours chaotique, ses «bons coups et très mauvais coups», ainsi qu’une nouvelle plateforme de diffusion québécoise, «Télévision générale», pensée comme un espace pour regrouper films, séries, podcasts et musique d’ici. Après avoir été, selon ses mots, «complètement tassé» du milieu, il choisit désormais de créer ses propres opportunités – et ce face-à-face en direct avec Patrick Lagacé marque clairement une étape symbolique de cette remontée.
Voici l’entrevue intégrale:
