Éliane Gagnon, actrice québécoise popularisée par son rôle de Kim Bellavance dans la série jeunesse Ramdam diffusée sur Télé-Québec, brise le silence sur la saga de Guillaume Lemay-Thivierge.
Dans un texte poignant partagé récemment, elle exprime une fatigue profonde face au jugement collectif qui entoure l’artiste depuis la pandémie. Ayant assisté à sa conférence Sacré Guillaume, elle défend son droit de verbaliser ses questionnements sans être étiqueté.
Le 21 décembre 2025, à l’Académie Sainte-Thérèse, Guillaume Lemay-Thivierge a rempli la salle pour sa conférence de quatre heures intitulée Sacré Guillaume. Ce spectacle-conférence, truffé d’anecdotes, de chansons, d’humour et de chorégraphies, a attiré environ 500 personnes malgré les controverses passées. L’événement, mis en scène par Michel Courtemanche, a exploré ses « tempêtes médiatiques », de la pandémie aux scandales récents, avec auto-dérision et intensité émotionnelle.
Éliane Gagnon décrit y avoir vu un humain authentique, non un
gourou, qui partage ses shifts intérieurs post-pandémie.
« Je ne vois pas un danger public. Je vois quelqu’un qui
tente de verbaliser ce qu’il a vécu après la peur, après
l’isolement, après les vaccins. »
Éliane Gagnon, qui a elle-même admis sa honte d’avoir tardé à
questionner le narratif pandémique, appelle à un 2026 sans
polarisation. « Penser autrement, c’est juste… penser
autrement. Ce n’est pas une attaque. » Elle regrette son
silence initial lors du lynchage médiatique de Guillaume et prône
intégrité et liberté d’expression.
Voici son texte intégral:
—
Pendant la pandémie, j’ai été profondément ébranlée par le
traitement que vivait Guillaume Lemay-Thivierge.
À l’époque, j’avais écrit un texte.
Un texte que j’avais choisi de ne pas publier. Je me disais : ce
n’est pas mon combat.
Et pourtant.
Depuis ce temps, j’ai suivi les sagas.
J’ai eu quelques conversations profondes avec Guillaume. Et j’ai
choisi d’aller voir la conférence.
J’ai pris le temps de la digérer.
Pas de réagir à chaud.
Pas de me positionner pour être du « bon bord ».
J’ai lu les billets.
Les papiers.
Les chroniques, les analyses, les angles.
Tout ce qui a été écrit après le rejet du milieu.
J’ai vécu le spectacle.
Les mots.
Les malaises.
L’auto-dérision.
Les silences.
Les chorégraphies.
Les chansons.
Et plus je lis et regarde ce qu’on nous présente sur ce sujet
devenu scandaleux — GLT — plus je ressens quelque chose de très
familier.
Pas de la colère. J’ai passé ce stade.
Plutôt, une fatigue latente.
La fatigue de ne pas se sentir entendue.
La fatigue d’être jugée sans qu’un vrai dialogue soit possible.
La fatigue de sentir que tout est déjà décidé d’avance : les rôles
distribués,
les intentions présumées, cristallisées dans une vérité qui,
honnêtement, ne me dit rien pentoute.
Une fatigue qui vient quand parler ne sert plus à rencontrer
l’autre, ni à partager,
mais simplement à se faire ramasser,
réduire à des insultes, étiqueter.
Quand toute prise de parole devient de la chair à clic. Quand un
humain disparaît derrière un narratif qui s’organise pour soutenir
un jugement moral collectif déjà ficelé.
La pandémie, on ne l’a pas juste traversée. On l’a endurée. Dans
nos relations. Dans les choix imposés. Dans notre façon de
penser.
On a vécu dans un narratif de peur constant. Nécessaire peut-être,
à un moment donné. Mais intense.
Envahissant.
Et surtout… non négociable.
Moi, j’y ai cru.
J’ai porté ce narratif.
Je l’ai répété.
Et plus tard, dans un épisode de mon podcast Pis après ?, où j’ai
invité Michel Courtemanche — drôle d’adon — j’ai verbalisé quelque
chose que j’avais jamais dit : j’ai eu honte.
Pas honte d’avoir voulu protéger mon entourage alors qu’on ne
savait pas trop ce qui se passait. Honte de ne pas m’être donnée le
droit de questionner plus tôt.
Honte d’avoir confondu consensus et vérité.
Et ce n’est pas parce que je manquais de jugement. Peut-être un
peu. Mais surtout parce que je suis un humain faillible. Parce que
je n’ai rien compris. Comme beaucoup de gens. Et je comprends
toujours pas.
D’autres l’ont eu plus rough que moi.
Certains en sont sortis profondément traumatisés. Et ils ont
besoin, aujourd’hui encore, de revenir sur cette époque de grande
noirceur.
Quand je regarde aujourd’hui Guillaume sur scène, je ne vois pas un
gourou.
Je ne vois pas un danger public. Je vois quelqu’un qui tente de
verbaliser ce qu’il a vécu après.
Après la peur.
Après l’isolement.
Après les vaccins.
Après les mensonges perçus.
Après l’obligation de penser d’une seule façon.
Un humain qui raconte sa traversée. Et qui tente d’expliquer le
processus derrières ses “erreurs” avec un brin d’auto-dérision et
d’intensité.
Il expose ses croyances d’avant.
Ses shifts intérieurs.
Et ce qui dérange, je pense, ce n’est pas tant ce qu’il dit. Ni
même ce qu’il a fait.
C’est juste le fait qu’il ait pensé autrement. C’était un parfait
bouc-émissaire pour enlever l’envie à n’importe qui de questionner
le narratif.
Ce qui me frappe dans plusieurs textes médiatiques mainstream, ce
n’est pas le désaccord. Le désaccord est sain. Important même.
C’est cette impression persistante que le récit aurait dû être
autrement. Que, dans le fond, Guillaume devrait se taire parce que
: « hey, décroche, on est rendus ailleurs ».
J’ai même lu qu’il aurait dû inviter plus de gens qui ne pensent
pas comme lui.
Comme si cinq ans à se faire traiter de dangereux anti-vax par ces
mêmes gens
n’était pas un prix suffisant à payer. Les billets étaient en vente
libre. Mais peut-être que ça aurait pris des billets de faveur!
Peu de gens, dans les médias, semblent réellement vouloir entendre
ce côté du narratif. Ça fait trop mal de considérer qu’on a
peut-être pu se tromper. De quoi on va avoir l’air si
collectivement, on admet qu’on l’a échappé?
Comme si, même après ce qu’on a vécu, on devait encore raconter
notre expérience dans un narratif précis,
qui ne dérange personne, qui ne fait surtout PAS trop
réfléchir…
Et là, il y a ce moment de malaise avec Patrick Lagacé : « J’en
veux pas de ton pardon. »
Refuser un pardon, ça dit souvent quelque chose de très simple. Ça
dit qu’on ne se reconnaît pas dans l’idée d’avoir causé du tort. Ou
qu’on ne peut pas — ou ne veut pas — l’admettre. Refuser ce
pardon-là, ce n’est pas poser une limite. C’est refuser de
revisiter sa propre posture. C’est l’ego, dans toute sa
splendeur.
Parce que pour recevoir un pardon, il faut au minimum accepter
l’idée qu’on a pu blesser. Qu’on a pu se tromper. Même
involontairement. Même en croyant bien faire. Mais ça ne s’est pas
passé ainsi et ça ne se passera pas. L’idée du pardon au final,
c’est juste pour pouvoir avancer dans la vie sans s’intoxiquer avec
la colère et le ressentiment.
Et pourtant, Guillaume n’accuse pas. Il essaye de verbaliser un
ressenti et ne réclame rien. Il ne demande même pas de
réparation.
Il fait quelque chose de beaucoup plus simple — et beaucoup plus
dérangeant pour certains : IL PENSE AUTREMENT.
Pas mieux.
Pas au-dessus.
AUTREMENT.
Et dans un climat où le narratif de peur a été défendu avec
conviction pendant des années, admettre que quelqu’un a pu vivre
les choses différemment, ou changer d’idée après coup, ça demande
une forme de courage.
Moi aussi, j’ai fait un switch intérieur.
Pas idéologique. Pas stratégique.
Plutôt profond. Viscéral.
Je me suis rendue compte que je pensais d’une certaine façon par
réflexe,
par appartenance, par manque d’information de qualité, par peur de
perdre ma place et de me faire lapider sur la place publique.
Et tranquillement, j’ai compris que penser autrement, c’est juste …
penser autrement. Ce n’est pas une attaque.
Ce n’est pas une trahison. Ce n’est pas une menace.
On a le droit de ne pas avoir décroché de la pandémie. On a le
droit d’être encore marqués. On a le droit d’être traumatisés par
ce narratif de peur sans se faire traiter de complotistes,
d’édentés, de covidiots ou de dangereux.
Et surtout, le plus bel et grand apprentissage c’est que plus
jamais je vais laisser qui ou quoi que ce soit me dire comment
penser. Et certainement plus par des médias qui ne questionnent
pas, qui préfèrent accuser et juger sans penser plus loin que des
clics.
Et ce n’est pas par rébellion.
Juste par conscience et par intégrité.
Je nous souhaite un 2026 où la polarisation n’est plus la norme. Un
2026 où le dialogue et le respect reviennent au centre. Un 2026 où
les gens peuvent parler haut et fort de ce qu’ils questionnent et
de ce qu’ils ne comprennent pas.
C’est aussi ça, la liberté tout court.
Pour ma part, j’ai regretté de ne pas avoir parlé quand Guillaume
se faisait lyncher publiquement. C’était pas mon combat mais oui,
un peu au fond. Mais je me pardonne.
Et je suis aujourd’hui reconnaissante de pouvoir dire que toute
cette saga m’a permis de voir autrement, et de vouloir comprendre
nos sociétés à un niveau où l’engourdissement collectif, les
illusions et les “bons rangs” n’existent plus.
Un micro c’est bel et bien une arme, il faut en faire bon
usage.
Merci de m’avoir lue. 🤍
—
Son témoignage humanise le débat, soulignant la fatigue d’être
jugée sans vrai échange. Face à un milieu qui somme Lemay-Thivierge
de se taire, elle rappelle que le désaccord sain prime sur les
étiquettes.
Guillaume Lemay-Thivierge traîne un passif lourd : positions sceptiques sur les vaccins pendant la COVID, interruption au Gala des Gémeaux 2022, et la fameuse « vidéo du bouleau » jugée raciste en 2023, lui coûtant contrats et partenariats comme Chanteurs masqués.
Guillaume Lemay-Thivierge
Récemment, une entrevue tendue avec Patrick Lagacé a ravivé les
flammes. Lemay-Thivierge a offert son pardon pour un article de La
Presse l’ayant visé en pandémie, mais Lagacé a rétorqué :
« J’en veux pas de ton pardon. » Éliane y voit
un refus d’admettre ses torts, un ego bloquant le dialogue.
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