Lors de son passage à Radio-Canada, l’économiste et chroniqueur Pierre-Yves McSween a voulu remettre les pendules à l’heure sur un sujet qui enflamme régulièrement les réseaux : à partir de combien peut-on se dire “riche” au Québec ?
En réaction à une chronique publiée par Marie-Ève Fournier, McSween a apporté une nuance essentielle : mesurer la richesse à partir du revenu annuel est une méthode incomplète et souvent trompeuse.
Selon les données de l’Institut de la statistique du Québec, un ménage gagnant autour de 152 000 $ nets par année entre déjà dans le neuvième décile des revenus, soit parmi les 10 % les plus aisés de la population. Pourtant, McSween rappelle qu’un revenu brut élevé ne fait pas forcément de quelqu’un une personne riche. « Ce sont des données sous-évaluées », explique-t-il. Un entrepreneur ou un professionnel peut par exemple se verser un petit salaire tout en possédant des actifs importants.
Il donne plusieurs exemples : « Vous pouvez être très riche et vous verser un petit revenu. Si vous détenez des actions qui ont pris 100 000 $ de valeur, ce n’est pas un revenu tant que vous ne les vendez pas. » De même, ajoute-t-il, un couple de retraités ayant une maison payée et un portefeuille d’investissements de plusieurs millions pourrait se “verser” seulement 32 000 $ par année, apparaissant dans les familles à faibles revenus… tout en étant objectivement fortuné.
Pour lui, la richesse est avant tout un concept relatif, fortement influencé par le lieu de résidence et le mode de vie : « Un revenu familial de 123 000 $ à Montréal n’a rien à voir avec le même revenu en région, où la maison est payée et où la vie coûte moins cher. »
McSween conclut en rappelant que la richesse véritable ne se mesure pas qu’en salaires : elle inclut les actifs, la fiscalité, et surtout, la liberté financière. En d’autres mots : faire 200 000 $ par an ne garantit pas d’être riche, mais bien de bien comprendre sa gestion financière.