Gilbert Rozon est triste et se vide le coeur

Dans une lettre ouverte publiée dans La Presse, Gilbert Rozon livre un triste témoignage sur les conséquences dévastatrices de l’affaire qui a bouleversé sa vie.

Huit ans après avoir été publiquement accusé à la suite de dénonciations relayées par les médias et sur les réseaux sociaux, Rozon décrit l’ampleur du choc : « En quelques heures, sous l’effet de cette condamnation médiatique, j’ai tout perdu. Et j’ai irrémédiablement cessé d’être un homme pour devenir une allégorie : celle du monstre, du salaud, de l’ennemi public numéro un. Le bouc émissaire. »

Il accuse le système médiatique d’avoir prononcé une sentence sans procès sérieux, ni remise en question sur la véracité des allégations : « Le bûcher, dans sa version numérique, n’attend plus de preuves : il exige une offrande. »

Malgré son acquittement lors d’un procès, il déplore que l’opinion publique ait continué à le juger : « L’innocence juridique ne vaut rien face au besoin collectif de brûler quelqu’un. »

Rozon s’insurge aussi contre les changements législatifs qui rendent, selon lui, la défense des accusés plus difficile, relevant que « “oui” peut devenir “non”… après coup. Une femme peut dire, des décennies plus tard : “Je n’ai pas dit non, mais je le pensais.” » Il exprime une grande déception quant au rôle des médias : « Ce n’est pas le journalisme que j’accuse ici. C’est son abdication. Son glissement paresseux, entre autres, vers le militantisme. »

Selon Rozon, les poursuites engagées contre lui n’auraient eu pour but que l’argent, non la vérité : « Le 17 octobre 2017, une coalition de demanderesses s’est formée dans le seul but d’obtenir une compensation financière. »

Il conclut en mettant en garde journalistes et opinion publique contre le danger d’une justice dictée par l’émotion collective plutôt que par des preuves, affirmant : « La justice suit son cours. Lentement. Oui, j’ai été acquitté. »

Crédit: La Presse

Mis à jour le 17 juillet 2025 9:56 am